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Styles d’apprentissage : mythes ou réalités ?

Depuis plusieurs décennies, la notion de styles d’apprentissage domine les discours pédagogiques. L’idée selon laquelle chaque individu aurait une préférence pour un style d’apprentissage — visuel, auditif ou kinesthésique, par exemple — semble à première vue intuitive et attrayante.

Cependant, de nombreuses études scientifiques remettent en question la validité de ce concept. Alors, les styles d’apprentissage sont-ils un outil utile pour optimiser l’éducation, ou bien s’agit-il d’un mythe dénué de fondement scientifique ? Cet article explore les origines, les critiques et les alternatives à ce modèle controversé. 

Qu’entend-on par style d’apprentissage ?

Ce que l’on pense savoir

Les styles d’apprentissage renvoient à l’idée que chaque individu préfère une manière particulière de recevoir et de traiter l’information. Par exemple : 

  • Les apprenants visuels préfèrent les images, graphiques et schémas. 
  • Les apprenants auditifs assimilent mieux les informations à travers l’écoute. 
  • Les apprenants kinesthésiques apprennent par le mouvement et l’expérimentation. 

Ces catégories se sont imposées dans de nombreux contextes éducatifs et professionnels, influençant la conception des cours et des formations. 

Ce que disent les théories

Plusieurs théories ont élargi la notion de styles d’apprentissage. Parmi les plus célèbres : 

  • Le modèle VARK (Visuel, Auditif, Lecture/Écriture, Kinesthésique), développé par Neil Fleming. 
  • Les intelligences multiples de Howard Gardner, qui suggèrent que l’apprentissage peut aussi être influencé par des aptitudes comme l’intelligence interpersonnelle ou musicale. 

Cependant, ces modèles, bien que populaires, sont loin de faire l’unanimité dans la communauté scientifique. 

Côté scientifiques, on rétorque…

Le manque de preuves empiriques

De nombreuses recherches scientifiques ont examiné les styles d’apprentissage, mais aucune n’a réussi à démontrer clairement qu’adapter les méthodes d’enseignement à un style préféré améliorait significativement les résultats d’apprentissage. 

Une étude majeure de Pashler, McDaniel, Rohrer et Bjork (2008) a conclu qu’il n’existait pas de preuves solides soutenant l’efficacité des styles d’apprentissage. Les chercheurs ont noté que la plupart des apprenants s’adaptent naturellement à différents formats d’enseignement, indépendamment de leurs préférences

La confusion entre préférence et performance

Il est important de différencier la préférence d’un individu pour un style d’apprentissage et la manière dont il apprend le mieux. Une personne peut préférer un support visuel, mais cela ne signifie pas nécessairement que ce mode est plus efficace pour elle.

Les recherches montrent que les performances sont souvent meilleures lorsque la méthode d’enseignement correspond au contenu à transmettre, plutôt qu’à une préférence individuelle. 

La simplification excessive de l’apprentissage

Les styles d’apprentissage réduisent un processus complexe à des catégories rigides. L’apprentissage dépend de nombreux facteurs, tels que la motivation, les expériences précédentes, le contenu enseigné et le contexte. En se concentrant uniquement sur les préférences, les modèles de styles d’apprentissage n’intègrent pas ces dimensions essentielles. 

Alors, quelles sont les alternatives ?

Privilégier une approche fondée sur des preuves

Plutôt que de se concentrer sur les styles d’apprentissage, les formateurs devraient adopter des stratégies basées sur des preuves scientifiques. Par exemple : 

  • La pratique répétée : Les apprenants retiennent mieux les informations lorsqu’elles sont répétées à intervalles réguliers. 
  • L’apprentissage actif : Encourager les apprenants à interagir avec le contenu améliore leur compréhension. 
  • L’utilisation de méthodes variées : Combiner textes, images, audio, discussions et exercices pratiques permet de s’adapter à divers contextes et besoins. 

Se centrer sur les métaphores d’apprentissage

Au lieu de segmenter les apprenants par style, les formateurs peuvent les aider à comprendre comment ils apprennent en utilisant des métaphores ou des modèles flexibles. Par exemple, enseigner des stratégies comme la mémorisation active ou la création de liens entre les idées. 

Développer une approche personnalisée grâce à la technologie

Les outils numériques permettent aujourd’hui de personnaliser l’apprentissage en fonction des besoins réels des apprenants, et non de leur préférence supposée. Par exemple, les plateformes adaptatives ajustent le contenu et le rythme selon les performances de l’apprenant. 

Que faut-il retenir ?

3 points clés à mémoriser pour mieux penser ses formations ! 

  • Les styles d’apprentissage, bien qu’attrayants et largement adoptés, reposent sur des bases scientifiques fragiles.  
  • Ils simplifient excessivement la complexité de l’apprentissage humain et risquent de distraire les formateurs des stratégies fondées sur des preuves empiriques.  
  • Plutôt que de classer les apprenants dans des catégories rigides, il est préférable d’adopter une approche éclectique et adaptative, qui tienne compte des multiples facteurs influençant l’apprentissage.  

En fin de compte, la clé réside dans la flexibilité et l’engagement, plutôt que dans des étiquettes simplistes. 

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